Sophie TAILLARD Sophrologue E.I., sophrologie à Randan
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Réhabilitons l'ennui et la rêvasserie : les vertus du vagabondage mental


Ne rien faire, laisser son esprit vagabonder, ça vous parle ? À une époque où tout va toujours plus vite, où notre quotidien est envahi par les « to-do lists », rêvasser en regardant les nuages est presque un crime. Or, pour notre santé mentale et physique, ces moments de déconnexion sont essentiels. Et si on réapprenait les vertus de l'ennui ?

 

Aujourd’hui, ne rien faire, c’est mal. Tout ce temps perdu qu’on pourrait mettre à profit pour « faire » quelque chose !

Et pourtant, on peut citer un chiffre qui est sans appel. Selon une enquête du Times du 12 mai dernier, 94 % des 25-34 ans décrivent ressentir des signes physiques de fatigue anormale, de l’irritabilité ou des douleurs physiques. Les différentes études et sur le sujet arrivent toutes au même constat. Nous allons mal. Et particulièrement les jeunes. Une fois qu’on a dit ça, que fait-on ?

Et si justement on se laissait la possibilité de ne rien avoir à faire ? Rien à réussir, à entreprendre, rien à rater ? Est-ce que pour un temps, on pourrait laisser de côté l’injonction permanente de « produire » quelque chose ? Et si on décidait de se foutre la paix, comme l’écrit Fabrice Midal, philosophe et fondateur de l’école occidentale de méditation.

Les neurosciences le démontrent désormais : quand le cerveau n’est engagé dans aucune tâche précise, il entre dans un état neurologique spécifique, connu sous le nom de « mode par défaut ». C’est le cas par exemple quand vous êtes en train de lire et que vous réalisez d’un coup que vous ne comprenez plus rien car votre pensée est partie ailleurs. C’est le cas aussi quand vous rêvassez sous la douche ou que vous laissez votre regard se perdre dans le vide.

Le neuroscientifique Stanislas Dehaene explique que ce mode mobilise un réseau spécifique de régions cérébrales joliment nommé le « réseau du soi ». De récents travaux en neuro imagerie montrent en effet que le cerveau a la capacité de se tourner vers son monde intérieur ou de s’orienter vers le monde extérieur.

Selon Lionel Naccache, neurologue et chercheur, ce « vagabondage mental » joue même un rôle majeur dans la construction du sens de notre vie.

Non seulement « faire rien », ce n’est pas mal, mais c’est même recommandé, à la fois pour la santé physique et mentale. Pour Idriss Aberkane, spécialiste en neurosciences, il est essentiel de « nettoyer son cerveau », comme nous nettoyons notre corps. Il préconise de se « désencombrer l’esprit » régulièrement, pour le dépolluer des excès de stress et de sollicitations en tout genres.

Cela suppose en revanche d’arriver à supporter ce temps vide. Et ce n’est pas toujours facile. Certains d’entre nous ont tellement peur de ces moments de flottement que le simple fait de patienter cinq minutes à la boulangerie leur paraît insupportable. Il leur faut absolument combler ce vide (pour beaucoup, c'est le téléphone portable qui est bien souvent "dégainé" pour meubler ces espaces libres).

Même les enfants n’ont plus le droit de rêvasser. Il faut les occuper. Tout le temps. L’ennui n’est plus permis. C’est pourtant la puissance de l’ennui, de la rêverie, qui donne naissance à des idées, à des projections dans l’avenir. Il n’y a pas d’idée sans inaction, pas d’innovation sans incubation, sans recul.

Une récente étude publiée dans « The Journal of Neuroscience » par un chercheur hongrois explique que ces instants de déconnexion favoriseraient même certains types d’apprentissages.

Dans ces moments-là, le sujet se tourne vers lui-même, vers ses pensées internes, le passé (mémoire autobiographique), le futur. Il se tourne vers une pensée imaginative pas forcément structurée. Ces moments sont très importants pour l'équilibre psychique et la consolidation de la mémoire, ils sont au coeur de notre vie mentale

Certains pays donnent même un nom à ce "ne rien faire". Aux Pays-Bas par exemple, ils appellent ça le niksen, un concept cousin du farniente italien qui prône la « slow life » en proposant chaque jour un temps où l’on ne fait absolument rien. L’objectif est de reprendre possession de son temps et d’offrir à son cerveau un temps de répit.

Alors évidemment, il n’y a pas d’obligation. Le but, c’est justement de sortir des injonctions, pas d’en créer une nouvelle.

Il s’agit simplement de s’écouter, et de s’accorder le droit de ne rien faire de temps en temps, si tel est notre désir. Il s’agit aussi de réhabiliter l’ennui, quel que soit son âge, parce qu’il est bon pour la santé. Tout remplir, y compris le temps libre, n’est pas forcément un gage d’épanouissement.

Quel que soit le nom que nous lui donnons, un temps de calme quotidien, ne serait-ce que quelques minutes, est un luxe que nous pouvons nous permettre. Il s’agit de rétablir un équilibre entre l’effort et le repos, d’envisager cette révolution douce où simplicité et lenteur deviennent des vertus nécessaires, où nous réinventons notre rapport au temps et à nous-même.

Et si vous profitiez des vacances pour essayer ?


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